Novembre 2019 a marqué le deuxième anniversaire de la signature du Cadre d’Action Commune de l’Initiative Cacao et Forêts (ICF). A cette occasion, le plus haut organe de décision de la gouvernance de l’ICF – le Comité Directeur au Ghana et le Comité de Pilotage en Côte d’Ivoire – s’est réuni en novembre 2019, pour faire le point sur les progrès réalisés et les défis, et s’accorder sur les priorités de l’ICF pour l’année suivante.
Lors de ces réunions organisées dans les deux pays, les parties prenantes ont fait le point sur les progrès réalisés par les partenaires de l’ICF sur les points clés, comme l’élaboration des plans d’action des entreprises, la disponibilité de cartes foncières, des limites des forêts classées, et l’élaboration de nouvelles réglementations.
L’une des avancées majeures en 2019 en Côte d’Ivoire a été l’adoption d’un nouveau Code forestier par le Parlement. Ce nouveau Code forestier reconnaît que certaines forêts classées ont un taux élevé de dégradation et d’occupation humaine et doivent de ce fait être gérées différemment des autres forêts classées. Il crée ainsi une nouvelle catégorie de forêts appelées “agroforêts” pour celles dont le taux de dégradation dépasse 75%. Depuis l’adoption du code forestier par le Parlement, des consultations multipartites ont été organisées sur les décrets d’application dudit code forestier, afin que les commentaires de la société civile, du secteur privé et des partenaires techniques et financiers puissent être pris en compte avant leur finalisation. Les premiers décrets d’application ont été publiés dès octobre 2019 et l’ensemble des décrets seront pris début 2020.
Au Ghana, des consultations ont également été organisées sur les réformes politiques concernant la propriété de l’arbre et le partage des bénéfices qui en découle. Il est en effet essentiel de modifier la politique de propriété des arbres pour s’assurer que les agriculteurs ont des droits sur les arbres qu’ils plantent sur leurs plantations. Si les droits sont respectés, les agriculteurs seront incités à conserver des arbres sur leur plantation et à y développer des systèmes agroforestiers. Un processus d’enregistrement est actuellement en cours d’élaboration et permettra d’enregistrer les arbres plantés.
Un autre moment clé de l’année pour l’Initiative Cacao et Forêt au Ghana et en Côte d’Ivoire a été le mois de mars, lorsque les entreprises ont publié leur plan d’action initial de l’ICF et ont ainsi défini les mesures qui seront prises au cours de la période 2018-2022. Ces plans d’action comportent des objectifs concrets en matière de protection et de restauration des forêts, de production durable et de moyens de subsistance des agriculteurs, d’engagement communautaire et d’inclusion sociale. Les entreprises mettent déjà en œuvre des activités clés de ces plans, notamment en cartographiant les exploitations agricoles dans leur chaîne d’approvisionnement directe pour s’assurer qu’elles ne s’approvisionnent pas dans des zones protégées, en promouvant des modèles agroforestiers innovants, ainsi qu’en s’engageant dans des programmes territoriaux pour agir directement sur les différents facteurs de déforestation.
Pour s’assurer que les implications pratiques du Cadre d’Action de l’ICF sont bien comprises au niveau du territoire, des activités de sensibilisation ont également été mises en œuvre. Les premiers ateliers ont eu lieu dans les régions prioritaires de l’ICF identifiées dans les plans nationaux de mise en œuvre de l’initiative publiés en 2018. Le Secrétariat de l’ICF poursuivra le déploiement de ces ateliers dans les autres régions prioritaires et s’attend à ce que les partenaires de l’initiative poursuivent ces activités dans leurs canaux respectifs. Les entreprises signataires de l’ICF ont ainsi prévu d’engager plus de 200 000 producteurs au Ghana et plus de 350 000 producteurs en Côte d’Ivoire dans des campagnes de sensibilisation d’ici à 2022.
Bien que toutes ces initiatives soient positives, les participants aux réunions de haut niveau de novembre 2019 ont convenu que des défis subsistent. En particulier, la mise en œuvre sur le terrain doit être intensifiée, afin que l’impact de l’ICF puisse être visible au niveau des territoires.
En 2020, les intervenants de l’ICF s’efforceront de catalyser des investissements supplémentaires dans les régions où il y a encore des forêts d’importance à protéger. L’ICF mettra également en place un système simple mais efficace pour évaluer les progrès accomplis dans la réalisation des engagements et communiquer à l’international les réalisations. Ceci inclura l’adoption d’un système de surveillance par satellite avec des alertes de déforestation afin de mesurer et suivre les progrès accomplis dans la réalisation de l’objectif global de déforestation. Elle poursuivra les travaux sur un système national de traçabilité, en assurant un alignement plus étroit entre les travaux des entreprises et ceux des gouvernements dans ce domaine. L’ICF devra également penser au-delà du cacao et entamer des discussions avec d’autres secteurs pour collaborer à la protection des forêts menacées en Côte d’Ivoire et au Ghana.
“Nous sommes maintenant prêts à entamer une deuxième phase de l’Initiative Cacao & Forêts, passant d’une étape de préparation essentielle à une étape de mise en œuvre, désormais critique. Dans cette phase de transition, j’aimerais remercier tous les signataires et partenaires de l’ICF pour leur intérêt et leur engagement dans l’Initiative et vous demander de continuer à nous mettre au défi de faire mieux et à nous pousser à progresser.” Musah Abu-Juam Directeur technique – Foresterie, Ministère des terres et des ressources naturelles.
“Nous sommes déterminés, et je pense que nous serons un exemple pour le monde entier pour démontrer comment un état peut travailler avec le secteur privé, non pas en contradiction, mais en parfait accord, pour le bien d’une industrie, pour le bien de l’environnement et, surtout, pour le bien des communautés qui sont touchées par nos actions.” Alain-Richard Donwahi Ministre des Eaux et Forêts